
Par Grischa Wenzeler
Traduction automatique neuronale
Avec l'essor de la traduction automatique neuronale, la question de savoir si les traductions automatiques entraîneront ou non la disparition des traducteurs humains est devenue plus importante. Il est vrai que les traductions automatiques neuronales ont amélioré de manière significative la qualité et surtout la fluidité des textes produits par des programmes de traduction automatique tels que DeepL par rapport aux traductions automatiques statistiques et basées sur des règles qui existaient auparavant. Les avantages pour les clients sont évidents en termes de rapidité de traduction, notamment pour les projets à fort volume, ainsi que de réduction des coûts. Toutefois, malgré l'amélioration sensible des résultats de la traduction automatique, il semble presque certain que, dans un avenir prévisible, des traducteurs humains seront encore nécessaires pour améliorer les textes traduits par des programmes neuronaux afin que les textes cibles se lisent comme des textes authentiques écrits dans la langue cible plutôt que comme des traductions. En termes de "sensation de la langue", l'intelligence humaine reste supérieure à la traduction automatique.

Il est vrai que le rôle des traducteurs humains évolue, sous l'effet de la demande croissante de traductions automatiques. Plutôt que de traduire à partir de zéro, les agences et les clients directs demandent souvent aux traducteurs humains d'améliorer les traductions automatiques, un service appelé "post-édition de traduction automatique" ou MTPE. Ce service relativement nouveau est en train de devenir un élément important du modèle économique d'un traducteur. J'ai pleinement intégré ce service dans mon offre et je ne pense pas qu'il disparaîtra de sitôt du monde des prestataires de services linguistiques.
Post-édition légère ou post-édition complète ?
Avant d'examiner de plus près la MTPE et l'accent qu'elle met sur la détection des erreurs dans les traductions automatiques, il est important de définir les termes "post-édition légère" et "post-édition complète". La post-édition légère cherche à éradiquer les erreurs évidentes de traduction automatique ainsi que celles qui peuvent déformer le sens du texte. L'objectif ici n'est pas de produire un texte cible parfaitement rendu, mais d'en faire un texte compréhensible, "suffisamment bon", qui transmet correctement les messages du texte source. En revanche, dans le cas de la post-édition complète, le traducteur vise à restituer le résultat de la traduction automatique de manière à obtenir un texte fluide, exempt d'erreurs, qui ne ressemble pas à une traduction. Étant donné son ampleur, la post-édition complète prend généralement plus de temps et est plus coûteuse que la post-édition légère. D'après mon expérience, elle est également à l'origine de la grande majorité des projets de TAEG que l'on demande aux traducteurs humains de réaliser. Le diagramme ci-dessous montre où se situe le traducteur humain dans le processus de TAEG, à savoir à l'étape de l'édition de la sortie machine et à l'étape ultérieure d'assurance qualité, ces deux étapes étant souvent réalisées par la même personne.
"Les post-éditeurs devraient idéalement suivre une formation spécialisée car leurs tâches diffèrent de celles d'un réviseur ou d'un correcteur d'épreuves.
Comme un réviseur, le post-réviseur doit examiner à la fois le texte source et le texte cible. Toutefois, les erreurs de traduction automatique sont généralement très différentes des erreurs commises par un traducteur humain, par exemple le choix de mots qui ne transmettent pas correctement le message du texte source (par exemple, "faux amis") ou de mots qui ne correspondent pas au ton et au registre requis pour le type de texte concerné. Ces erreurs lexicales relèvent de l'édition légère. Les erreurs syntaxiques appartiennent à la même catégorie d'erreurs évidentes qui doivent être corrigées dans le cadre de l'édition légère. Elles apparaissent souvent dans les traductions automatiques lorsque les phrases du texte source sont très longues. Ces erreurs syntaxiques, par exemple un ordre incorrect des mots, rendent souvent le résultat de la traduction automatique insensé. Leur correction est donc cruciale pour obtenir un texte cible qui ne déforme pas le sens du texte source et ne laisse pas le lecteur perplexe.

Il y a ensuite les erreurs moins évidentes, qui doivent être relevées lors de la révision complète. Ces erreurs peuvent être multiples : fautes d'orthographe, erreurs orthographiques telles que les majuscules et les minuscules, formes grammaticales erronées, par exemple mélange du singulier et du pluriel ou utilisation de la mauvaise casse, chaînes de texte non traduites et erreurs de ponctuation. Lorsqu'un outil de TAO est utilisé, il est particulièrement important de confirmer que les balises ont été placées correctement dans le texte cible. Les balises sont des caractères de remplissage qui déterminent le format du fichier cible natif, c'est-à-dire le texte cible dans le format de fichier original tel que Word ou Power Point. La post-édition complète se concentre également sur les erreurs de style, par exemple le ton et le registre. Ici, l'intelligence humaine est indispensable, car la machine n'émule pas nécessairement le style requis par la langue cible. Les expressions idiomatiques en sont un bon exemple : la machine propose souvent des traductions littérales plutôt que le sens figuré. Les caractéristiques stylistiques sont des éléments essentiels de la fluidité d'un texte qui déterminent en fin de compte si une traduction ressemble ou non à un texte authentique écrit dans la langue cible. La post-édition complète vise à atteindre une qualité équivalente à celle fournie par un traducteur humain. Il s'agit là de quelques exemples où les traducteurs humains apportent un avantage évident en termes de qualité de traduction grâce à la MTPE.
J'aborde les tâches de post-édition en deux étapes : premièrement, je décide si une chaîne de traduction automatique a un sens ou si un segment doit être traduit à partir de zéro, et deuxièmement, si la chaîne a un sens, j'éradique toutes les erreurs évidentes et moins évidentes. À mon avis, la TAEG est un service essentiel dans un monde de traduction de plus en plus automatisé où les traducteurs humains restent pertinents tant qu'ils acceptent la TAEG comme une opportunité plutôt que comme une menace.
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